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Réaction d'un lecteur sur les Maec Christophe Diss : « Un moyen pour l'Etat de faire des économies sur la Pac ! »

Suite à la publication de notre série d'articles sur les mesures agro-environnementales et climatiques, Christophe Diss, éleveur à Landersheim (Alsace) nous a adressé un courrier pour exprimer son point de vue.

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U ne nouvelle politique de développement rural est lancée cette année avec la mise en place d'un ensemble de mesures agro-environnementales et climatiques.

Selon Christophe Diss, éleveur laitier en Alsace et ingénieur agronome spécialisé en développement agricole et rural, ces engagements sont inadaptés aux pratiques des agriculteurs dans leur exploitation, dans sa région en particulier. Les critères requis dissuadent même les agriculteurs de s'engager pour cinq ans dans ce nouveau dispositif d'aides ! Voici le courrier qu'il nous a adressé.


« Au niveau de l'élevage laitier, la réforme de la Pac va impacter en priorité les élevages "tout stock" à forte productivité laitière, c'est à dire, les élevages maïs ensilage avec peu de rotation, peu de prairies - souvent peu productives - et qui ne peuvent pas pratiquer le pâturage.

Dans ma région - Plaine d'Alsace -, ceci est le cas des élevages en systèmes maïs plat unique ou maïs-herbe avec peu d'herbe cultivée. Les rations à l'herbe ou le pâturage sont moins intéressants à l'échelle des exploitations à dominante "culture" du fait de l'aménagement du territoire et d'un climat plus propice au maïs qu'à l'herbe.

La Maec système polyculture élevage herbivore vient prendre le relais de la Mae Sfei développée localement en Bretagne. Dans les autres régions intensives, il y a peu d'antécédent agro-environnemental de ce type, c'est à dire, développé dans le cadre d'une approche systémique.

Et c'est là que le ministre va avoir un problème pour développer sa politique : ce n'est pas l'an 1 de l'agro-écologie qui démarre, mais l'an « zéro de chez zéro » dans la mesure où la baisse des aides du premier pilier ne pourra être retrouvée par de nombreux élevages -une majorité dans le contexte que je décris - dans cette mesure du deuxième pilier.

Je m'explique :

Au niveau des systèmes à dominante « culture » produisant peu d'herbe et dont la Sau est faible, cela permettrait de ne pas bloquer une trop grande part de la sole cultivée en herbe, de faciliter les rotations et de développer les pratiques de l'agriculture de conservation (Tcs, Sd, couverture du sol, rotation) pour enchaîner plus rapidement des trains de culture sans temps mort (sans période de sol nu) et faciliter le respect des nouveaux calendriers d'épandage et éviter de passer par une nouvelle case « mise aux normes », ou méthanisation... très coûteuse, ou, mal rodée...

Dans la mesure où peu de références existent sur l'autonomie de la Mat dans les secteurs maïs ensilage, et que l'objectif a été d'y produire « plus » mais pas « plus autonome », la volonté de développer une politique agro-écologique vient fatalement se heurter à la dynamique de production de la filière agro-industrielle et sera compromise si elle n'identifie pas les modalités contractuelles capables de trouver un équilibre entre des niveaux de production exigeants par animal, des volumes contractualisés et surtout, le revenu de l'éleveur.

La convergence des aides vient clairement bousculer et remettre en cause les choix opérés depuis plusieurs décennies sur les systèmes fourragers intensifs. En l'absence d'une volonté forte des pouvoirs publics et des collectivités territoriales visant à identifier de nouveaux équilibres contractuels, la convergence passive de la Pac et la méritocratie active de la politique agro-écologique viendront, en l'état, pénaliser les dynamiques de filières en court. Elles ne seront qu'un moyen supplémentaire pour renforcer l'image d'un budget de l'Etat devant réaliser des économies sur le dos des agriculteurs, image partiellement masquée par la valorisation des systèmes les mieux placés pour rendre des services agro-écologiques (ex: systèmes en zone herbagère, pratiquant le pâturage, sous climat océanique). Tel est le risque de voir se développer une « austérité verte ». Pourtant, ce n'était pas là l'objectif affiché par l'actuel ministre au mois de décembre 2012 lors de l'annonce en grande pompe du projet agro-écologique au Cese : des mesures « systemes capables de répondre à des enjeux territoriaux car intégrées sur le plan économique ». »

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